Description
La Paris Choral Society a rendu hommage au plus russe des compositeurs américains en interprétant sa plus grande œuvre chorale au service de l’Eglise Orthodoxe : Всенощное бдение (Vsenochtchnoïe bdeniye – les « Vigiles nocturnes ») opus 37.
Dans ce chant du cygne de la musique liturgique russe – avant son extinction avec la Révolution de 1917 – Rachmaninoff livre, avec la poésie et le raffinement qui caractérisent son style, la richesse et la profondeur de son « âme russe » : le carillon des cloches des églises de Novgorod qui tintent dans ses souvenirs d’enfant, les voix de basse profonde des chœurs russes qu’il fait résonner jusqu’au si bémol grave, le chatoiement de la polyphonie héritée de ses Maîtres Tchaikovsky et Rimsky-Korsakov qu’il déploie sur 4, 6, 8… jusqu’à 11 voix, les mélodies ancestrales tirées de la tradition russe, byzantine ou ukrainienne qui alternent avec les « contrefaçons conscientes » du compositeur au fil des 15 mouvements des Vigiles…
Cette « symphonie liturgique » comme la baptise le critique Johann von Gardner, surpasse et sublime les exigences et les codes de la messe du samedi soir au dimanche matin, ou des veilles de Fêtes, qu’elle célèbre. Nommée à tort « Vêpres », elle est en réalité composée comme un vibrant et solennel diptyque, dont les Vêpres (office du soir) constituent seulement la première partie : un appel à la repentance et à l’introspection, où scintille symboliquement la Lumière du Christ à travers un foisonnement d’effets harmoniques et contrapunctiques. Les Matines jubilatoires de la deuxième partie s’élèvent alors dans une vision dramatique et monumentale de la Résurrection, et s’achèvent dans une tendre louange à la Mère de Dieu, dans le respect de la tradition liturgique orthodoxe russe.
Pour magnifier la créativité de l’écriture de ce chef d’œuvre, la Paris Choral Society a choisi de produire ses concerts en l’église Saint-Pierre de Chaillot, dont l’acoustique exceptionnelle révèlera les subtilités et la profusion de nuances et d’amplitudes du chœur, ainsi que la profondeur expressive du chant orthodoxe russe, auquel Rachmaninoff rend cet hommage bouleversant.